Woodie Smalls

Avec la sortie de son album « Soft Parade » en 2015, le jeune rappeur belge Woodie Smalls nous concocte un rap très 90’s. Avec son beat claquant, sa basse groovy, le léger craquement du vinyle, le sample filtré, le morceau « Champion Sound » puise directement dans les productions de Dj Premier ou Pete Rock.  Très prometteur.

Funky Drummer

Clyde Stubblefield, célèbre batteur de James Brown nous a quitté mi-février à l’age de 73 ans. Plus qu’un simple musicien, Stubblefield a transformé le groove funk. L’exemple le plus frappant est le morceau Funky Drummer. Enregistré en 1969, les 7 minutes sont marquées par le rythme ultra-syncopé et complexe de la batterie.

C’est à 5’35 que le motif rythmique de la batterie ( le break) apparait seul et révolutionnera à lui seul une bonne partie de la musique.

À titre d’exemple, on compte plus de 1000 samples de Funky Drummer, une grande partie concernant le motif rythmique en question (Source : http://www.whosampled.com/James-Brown/Funky-Drummer/).

Un autre break de Clyde Stubblefield que j’aime tout particulièrement se situe dans la version live de « Give it up or turnit a loose »(1970). Il faut attendre la 5ème minutes pour une présentation progressive des motifs rythmiques dont le rythme ultra groovy du batteur.

Clyde Stubblefield en live :

Berywam

Découvert sur le net, Berywam est un collectif de chanteurs et beatboxers français. Composé de 4 musiciens, le groupe est champion de France de beatbox et côtoie les podiums lors de championnats internationaux (MB14, un des membres est 4ème au championnat international du Beatbox Battle Loopstation).

Petit rappel : La Human beatbox ou boite à rythme humaine consiste à imiter le son des instruments avec sa voix/bouche. Elle trouve ses origines dans les musiques traditionnelles indiennes (les bols), africaines (“clics” et “tchip” issus du langage codé de guerre) et surtout dans le scat. Récupéré dans les années 70 par les rappeurs, il devient le 5ème pilier du hip-hop avec le rap, le DJing, le graf et la danse.

En guise d’extrait, la reprise de « Feeling Good » de Nina Simone:

-La reprise de « Drunk In Love » de Beyoncé en reggae :

 

-La version live de »Gangsta’s Paradise » de Coolio par MB14 lors de l’émission The Voice (la mise en place du beat est vraiment excellente, le reste c’est de la télé).

The Police – Walking on the moon

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The Police sort son second album « Reggatta de Blanc » en 1979, porté par deux singles « Message in a bottle » et « Walking on the moon ». En pleine vague New Wave, le trio, composé de Sting (basse/chant/composition), d’Andy Summers (guitare) et de Stewart Copeland (batterie) mélange plusieurs cultures musicales : des morceaux rock-punk dans  « It’s alright for you », des rythmes aux tempos rapides comme dans « No time this time » et des passages reggae : L’introduction quasi reggae-dub de « Reggatta de Blanc », le refrain enjoué de « Bring on the night » ou de « Message in a bottle », le skank retentissant de « The bed’s too big without you » et « Walking on the moon » en sont des exemples parfaits.

À propos de « Walking on the moon », Sting raconte que  le rythme de la chanson lui est venu alors qu’il était ivre dans une chambre d’hôtel à Munich.

« Je faisais le tour de la chambre en chantant : walking ’round the room… À la lumière fraîche du matin, je me suis rappelé ce qui s’était passé et j’ai écrit le morceau. Mais « Walking ’round the room » était un titre stupide alors j’ai pensé à quelque chose d’encore plus stupide qui a été Walking on the Moon. »

Giant steps are what you take, walking on the moon
Tu fais des pas de géant, en marchant sur la lune
I hope my legs don’t break, walking on the moon
J’espère que mes jambes ne céderont pas, en marchant sur la lune
We could walk forever, walking on the moon
Nous pouvons marcher éternellement, en marchant sur la lune
We could be together, walking on, walking on the moon
Nous pouvons vivre ensemble, en marchant, en marchant sur la lune                                                                                                                                                                                                                                        

Malgré son clip et ses paroles, la chanson n’a aucun lien avec la lune. D’après Sting,  ce serait une métaphore sur l’amour : « Deborah Anderson était ma première vraie petite amie … et après quelques mois de relation, l’idée d’écrire un morceau décrivant ce que l’on ressent en amour m’est venue. Être amoureux, c’est comme être soulagé de la pesanteur ».

Ah ah ah, sacrée soirée !!!

Laissons de côté le texte. Écoutons plutôt la mélodie au large ambitus de Sting ponctuée par les riffs de guitare en contretemps et la basse syncopée ascendante et descendante. Concentrons-nous aussi sur la magnifique coda (à partir de 3 minutes 14) où plusieurs voix s’accumulent, où des nappes de synthé interviennent, où la caisse claire retentit avec une légère réverbération.

La reprise très réussie par Aloe Blacc et le groupe Roseaux (2012) :

Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Walking_on_the_Moon

Ahmad Jamal – The Awakening

Si tu étais sur une île déserte, quels livres, quels albums, quels films prendrais-tu ?

-Heu…

Question impossible tant le choix est complexe. Pour ma part, n’étant pas un grand lecteur, mon choix se reporte à la musique. Un de mes disques de chevet est The Awakening du pianiste américain Ahmad Jamal. Ce genre d’album que je pourrais écouter plusieurs fois par semaine sans me lasser. Vous en avez sûrement vous aussi. Pourquoi ce choix ? Difficile à expliquer, surtout à l’écrit. La musique est tellement subjective, assujettie aux sensations, aux sentiments, aux humeurs, à des moments importants de la vie. Cet album, sorti en 1970, est un des premiers que j’ai acheté. Il y a quelques années, lors de mes recherches sur le sample dans le rap américain, je me suis aperçu que de nombreux rappeurs se sont emparés de la musique de Jamal, de ses harmonies riches et de sa puissance mélodique.

Dans The Awakening, les 7 chansons jouées par Amad Jamal au piano, Jamil Nasser à la contrebasse et Frank Gant à la batterie, sont des coups d’éclats, de génie même. Jamal, revient à l’essence même de la musique jazz : la liberté.

1) « The Awakening » : Morceau savoureux, doté d’une richesse harmonique et d’un sens de l’improvisation génial.

2) « I love music » : Géniale déclaration amoureuse à la musique marquée par une longue improvisation à la manière d’une variation. Le thème s’installe progressivement pour exploser à 3 minutes 56.

3) »Dolphin Dance » : Très belle version, aux couleurs impressionnistes, du thème d’Herbie Hancock.

3) « Stolen Moments » : moment magique, introduit par 4 accords au piano.

Avec une soixantaine d’albums à son actif,  Jamal âgé de 86 ans, fait figure de vétéran du jazz. Il continue de propager sa bonne parole lors de festivals (Vienne, Marciac en France) et lors d’enregistrements précieux : Saturday Morning (2013), Live in Olympia (2014), Live in Marciac (2015).

Masego

Prenez un peu de trap, de sons électroniques et de swing et vous obtenez la musique de Masego, jeune musicien, chanteur et compositeur américain. Initiateur du mouvement traphousejazz, l’artiste compose ses musiques en inventant une forme nouvelle de jazz  où les solos de saxophone côtoient volontiers des breaks électroniques et nappes de synthétiseurs.

Artiste très prometteur, à écouter!

Pour aller plus loin :

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Philippe Katerine

Dans l’histoire de la musique, certains artistes préfèrent expérimenter, provoquer voire choquer à travers les textes, la musique, l’image qu’ils renvoient. C’est au XXème siècle que la musique a été profondément transformée, remise en question comme objet artistique en tant que tel. Pensons au mouvement Fluxus dans les années 60 incarné par John Cage, George Brecht, Yoko Ono ou La Monte Young  dans lequel tout était considéré comme art.

« Avec Fluxus est né le désir de réunir l’art et le public, d’abandonner la notion sacrée d’œuvre d’art pour inclure l’art, une fois pour toute, dans la vie de tous les jours. »

Ainsi, lors des performances Fluxus, il était possible de voir des papillons voler dans la salle ou de regarder des musiciens donner à boire et à manger à un piano. La palme revient à Ben Vautier, acteur du mouvement dans les années 60. Voici quelques exemples d’œuvres:

-« Poule » (1964) : Le rideau se lève sur une poule à proximité d’un piano.

-« Ben au piano » (1964) : Le musicien arrive sur scène, il salue et s’assied au piano. Aussitôt il se lève et part en courant vers la sortie. Deux autres musiciens assis au premier rang lui courent après, le rattrapent et le traînent de toutes leurs forces au piano. Dès qu’ils sont assis sur le tabouret, toutes les lumières s’éteignent.

-« Partition pour un ou plusieurs aquariums » : Chaque exécutant possède un aquarium avec un ou deux poissons. Sur la paroi est peinte une portée. Le musicien joue la partition que lui indique la position du poisson (qui représente la valeur musicale).

WTF??

philippe-katerine-j-ai-reve-que-j-etais-un-pommeau-de-douchePhilippe Katerine est un des musiciens qui pourrait représenter ce mouvement à l’heure actuelle. Sans m’avancer trop dans une telle comparaison, l’homme qui « rêvait être un pommeau de douche » nous provoque sans cesse, nous titille, nous énerve.

Avec Katerine, plus de codes, plus de repères pour nos chères oreilles biberonnées à la pop tiédasse qui passe à la radio depuis plusieurs décennies. Oubliez l’habituelle chanson couplet-refrain qui parle d’amour, de mélancolie, du soleil qui se lève, de la nostalgie du bon vieux temps (des colonies ? Hein Sardou! Ah ah sacré Michel va). Katerine préfère vous parler des « Dictateurs », des « enfant de 3 ans », « des objets », de « Ses grosses couilles », de « Son pote amiami », des « bananes », de « Windows », de « La Reine d’Angleterre », du « Sexe à Johnny »… C’est du foutage de gueule ?!! Réaction logique, je vous comprends… À l’écoute de certaines chansons, on se croirait sous extasy, cocaïné, bourré, constipé en apesanteur.

Il n’empêche que les textes absurdes et surréalistes, les musiques tantôt pop, tantôt électro ou funky ne laissent pas indifférentes. On peut adorer, détester, aduler, rejeter… On réagit, c’est l’essentiel !

Sources :

Le Deezer de Katerine : http://www.deezer.com/artist/601

Sur Ben Vautier : http://www.ben-vautier.com/50performanceben.pdf

Sur le Fluxus : http://www.contemporain.com/art/mouvements-artistiques/fluxus.html

Sélection perso : Beck

Le multi-instrumentiste Beck, qui mélange volontiers la pop, le rock, le hip hop, la country et la funk dans un même morceau, laisse planer le doute sur la sortie de son nouvel album, initialement prévu pour octobre 2016.

En attendant, petite sélection personnelle à (re)découvrir !

  • Écho au folk de Neil Young dans « Say Goodbye » extrait de Morning Phase (2014)

 

  • Inspiration Gainsbourienne dans « Paper Tiger » extrait de Sea Change (2002)

 

  • Le trip hop « Hollywood Freaks » extrait de Midnite Vultures (1999)

 

  • La pop kitsch de « Gamma Ray » extrait de Modern Guilt (2008),  produit par Danger Mouse

 

 

 

Leyla McCalla

Petite découverte du jour avec la violoncelliste et chanteuse américaine Leyla McCalla. Après plusieurs écoutes de son album « A Day for the Hunter, A Day for the Prey » sorti mai 2016, j’ai été marqué par la douceur qui se dégage de ses chansons. Subtil mélange de folklore haïtien et de musique Cajun, l’album regorge de beaux morceaux chantés en anglais et en créole. La délicatesse des arrangements, le timbre clair et doux de la chanteuse nous transportent un instant dans le Bayou et les Antilles et… ça fait du bien!